Dans le dernier tiers du XIXe siècle, l’histoire de la présence italienne sur le littoral méditerranéen ou dans son arrière-pays est certes émaillée par quelques épisodes de violences xénophobes, dont les paroxysmes sont sans nul doute les Vêpres marseillaises en 1881[1] et les incidents d’Aigues-Mortes douze ans plus tard[2]. Mais concomitamment s’est opéré un indéniable rapprochement entre ouvriers autochtones et transalpins, notamment sous l’effet de luttes syndicales communes[3]. Si ces rapports fluctuants entre l’opinion française et leurs hôtes originaires de la Péninsule ont été de longue date discutés[4], la manière dont les autorités civiles et militaires appréhendent cette présence étrangère massive, afin d’être en mesure de la contenir en cas de conflit international, mérite également attention. Au début des années 1880, les craintes liées à une telle éventualité sont d’autant plus fortes que l’Italie a signé la Triplice avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, alors que de son côté la France demeure isolée. L’alliance russe n’intervient, en effet, qu’en 1892 et l’Entente cordiale avec l’Angleterre douze ans plus tard. Lors du déclenchement de la Grande Guerre, il apparaît, à l’inverse, intéressant d’observer de quelle manière les Italiens, désormais neutres, témoignent symboliquement de leur attachement et de leur loyalisme à l’égard de leur pays d’accueil. Par ailleurs, la réception dans l’opinion française de ces élans de francophilie publiquement témoignés, mérite analyse, tout comme les premiers rapatriements en direction de la Péninsule, qui se mettent alors en place dans une certaine improvisation.
- Se prémunir d’un ennemi intérieur
La suspicion des autorités françaises vis-vis des migrants italiens repose sur des préjugés défavorables qui font d’eux notamment des individus violents[5]. La décennie 1880 a constitué au sein de l’espace marseillais un « moment italien » en matière de crimes et délits violents dans un contexte de crise économique et de croissance de la population migrante[6]. Des facteurs démographiques (une population masculine et jeune) et sociologiques (des ouvriers) ainsi que certains aspects culturels, telle que la défense de l’honneur, favorisent assurément cette violence. Il n’en demeure pas moins que, comme le souligne Céline Regnard, « les représentations défavorables et la méfiance qu’inspirent les Italiens suscitent une certaine sévérité à leur égard »[7].
Dans la perspective des opérations de mobilisation, l’arrivée croissante d’Italiens en âge de porter les armes et donc potentiellement perturbateurs constitue un sujet de préoccupation pour les pouvoirs publics. En 1913, le préfet des Alpes-Maritimes reconnaît que cette présence transalpine « ne pourrait nous être préjudiciable qu’en cas de conflit avec leur pays »[8]. Le général Japy, commandant le XVe Corps[9], rappelle quant à lui au préfet des Bouches-du-Rhône, en octobre 1888, l’avoir, à plusieurs reprises, « entretenu des difficultés et des complications que l’existence à Marseille de nombreux étrangers et particulièrement d’une population extrêmement dense d’Italiens pourrait créer en cas de guerre»[10].
Alors même que se mettent en place, sur le plan civil, les prémices d’un dispositif de contrôle et de surveillance des étrangers, avec la promulgation du décret du 2 octobre 1888, imposant à ces derniers d’effectuer une déclaration de résidence lors de leur arrivée en France, et de la renouveler en cas de changement de domicile, l’autorité militaire souhaite prendre des mesures préventives permettant, le moment venu, de faire face à toute éventualité :
Il convient d’établir sans retard un plan d’opérations dans le double but de paralyser d’une part les tentatives de désordre qui pourraient être essayées par des Italiens organisés en bandes armées, et de l’autre de se rendre maître de tous les Italiens astreints par leur âge au service militaire qu’il me paraît parfaitement inutile de laisser rentrer dans leur pays pour former un appoint aux troupes dirigées contre nous [11].
Les modalités pratiques de mise en œuvre de ce plan se traduisent d’abord par une demande, adressée au ministre de la Guerre, de pouvoir disposer, dès les premières heures du conflit, d’une garnison suffisante, afin d’empêcher les troubles, mais aussi éviter les départs des mobilisables étrangers par trains, bateaux ou voies de terre :
Pour assurer l’arrestation des Italiens astreints au service militaire, je me propose de faire garder par des postes les gares de la ville et celles des localités voisines, de défendre les approches des quais et des bâtiments stationnés dans les ports ou en rade, de barrer les routes donnant accès de Marseille dans les campagnes, enfin de procéder méthodiquement à des perquisitions domiciliaires[12].
L’exécution de mesures préparatoires de court terme est ensuite formellement prescrite. Elles traduisent le fort degré de tension et de suspicion que créé la présence de ces étrangers dans les quartiers ouvriers des villes du Sud-Est de la France, et en particulier au sein de la cité phocéenne. Le représentant de l’Etat dans les Bouches-du-Rhône se voit ainsi confier la responsabilité d’évaluer le nombre d’Italiens résidant à Marseille, et d’indiquer, aussi précisément que possible, combien parmi eux sont astreints au service militaire dans leur pays d’origine. Il lui est pour cela explicitement conseillé de s’appuyer sur la « mise à exécution du récent décret relatif aux déclarations imposées aux étrangers résidant ou venant s’établir en France »[13].
Les services de la préfecture doivent, en outre, effectuer « le report sur un plan de la ville à grande échelle des agglomérations d’Italiens au moyen de teintes dont l’intensité variable accusera la densité de la population étrangère »[14]. Le but ultime de ce relevé numérique et géographique est de mettre en adéquation les moyens du maintien de l’ordre avec la menace de nuisance potentiellement représentée par la concentration de la population transalpine dans certains endroits. En d’autres termes, il s’agit de centraliser, dès le temps de paix, entre les mains de l’autorité militaire une masse d’informations permettant, le cas échéant, de parer à toute action hostile dirigée contre les intérêts vitaux de la nation entrée en guerre.
Plusieurs synthèses sont donc rédigées, afin de renseigner l’autorité militaire sur l’identité des étrangers suspects, le nom et l’adresse des associations composées d’étrangers, ou bien encore l’effectif et l’organisation des forces de police. Des dépôts d’armes ou de munitions chez des sujets d’origine étrangère sont recensés. Dans un relevé effectué en janvier 1889, quartier par quartier, du nombre d’Italiens de sexe masculin résidant à Marseille et sa banlieue sont comptabilisés environ 30 000 individus, dont la moitié de Piémontais, auxquels s’ajoutent un cinquième de Toscans et la même proportion de Napolitains[15]. Parmi eux, on compte un peu plus de 19 000 individus, soit près des deux tiers, âgés de 20 à 40 ans et par conséquent mobilisables. Dans ces conditions, on comprend toute l’importance de la promulgation de la loi du 26 juin 1889 sur la nationalité, qui tente de limiter au maximum la possibilité pour les enfants nés en France de parents étrangers de se soustraire au service militaire[16]. Ainsi, si le père est lui-même né dans l’Hexagone, la répudiation de la nationalité française par son fils devient impossible. Lorsque le père a vu le jour à l’étranger son fils devient Français à sa majorité ou avant par déclaration. Ce dernier peut néanmoins décliner la qualité de Français.
- Des associations et des agents consulaires à surveiller
Dix ans plus tard, le commissaire spécial de Marseille revient sur la question des mobilisables, en l’insérant dans la problématique plus large de l’existence supposée d’une communauté italienne structurée, dont certains agissements pourraient s’avérer préjudiciables à la France :
L’encadrement, au moyen d’hommes intelligents et sûrs, de plus de 20 000 étrangers âgés de plus de 20 ans et de moins de 45 ans […] peut présenter de sérieux inconvénients en cas de conflit international. En effet, une telle organisation permettrait au gouvernement italien de faire parvenir rapidement à ses nationaux mobilisables les instructions nécessaires pour telle ou telle action utile à ses intérêts. Ces groupements, formés dans tous les quartiers habités par les Italiens, constituent comme les cadres d’une sorte d’armée campant au cœur même de la Provence, et dont le patriotisme, soigneusement entretenu, peut faire un instrument redoutable entre les mains du consul général d’Italie[17].
Les pouvoirs publics redoutent également la capacité des consuls successifs et des sociétés de secours mutuels à « grouper les Italiens et empêcher le relâchement des liens qui les unissent à leur patrie ». La suspicion d’espionnage apparaît d’ailleurs parfois en filigrane :
Tout ce qui compte parmi les Italiens fixés à Marseille fait partie de la Société de bienfaisance, soit comme membre honoraire, soit comme membre actif, mais la direction en est confiée à un conseil composé de patriotes dévoués, qui forment […] une sorte de comité supérieur recruté dans les milieux de l’industrie, du grand et petit commerce. C’est par ces hommes que le consul est tenu au courant de tout ce qui peut l’intéresser qu’il s’agisse de questions financières, industrielles, commerciales ou patriotiques, d’affaires politiques ou militaires[18].
Le préfet des Bouches-du-Rhône avance ainsi que « l’état-major est constitué par la fameuse Société italienne de bienfaisance […] au-dessous d’elle viennent les sociétés de secours mutuels et les sociétés musicales »[19]. En 1888 et 1889, l’établissement d’une « liste des associations composées d’étrangers fondées sous le nom de sociétés d’assurance, de secours, musicales etc. » avait déjà été demandé par l’autorité supérieure, mais n’avaient alors été répertoriées, pour la ville de Marseille, que huit entités, dont cinq italiennes, toutes à vocation musicale[20]. En revanche, une décennie plus tard, le rapport contient une très minutieuse description des associations italiennes disséminées dans les différents quartiers de Marseille et dans sa banlieue, ou au sein d’autres localités du département. Le commissaire spécial s’intéresse ainsi à l’organisation générale, l’activité et l’effectif de chaque entité, mais évoque surtout, pour les plus importantes, leur rôle secret et l’emprise croissante qu’elles sont supposées avoir sur leurs compatriotes :
En 1876, la société italienne de bienfaisance secourait 5 524 personnes ; en 1895, ce nombre s’élevait à 15 387 […] Par ce chiffre […] on juge de l’influence acquise […] sur les classes pauvres de la colonie italienne. Ses 400 membres, disséminés dans tous les quartiers, reçoivent et instruisent les demandes de secours, de travail, de rapatriement, ce qui les met en contact journalier avec les familles[21].
Prescrite en décembre 1912 et effectuée l’année suivante, une autre enquête, consacrée aux grandes entreprises, essentiellement industrielles, employant des étrangers ou appartenant à ces derniers, s’intéresse également aux « associations, groupements, agences et œuvres étrangères quelconques » installés au sein de chaque département[22]. D’amples renseignements sont ainsi une nouvelle fois fournis par les préfets, tel celui des Alpes-Maritimes, qui ne manque pas, à cette occasion, de signaler les menaces irrédentistes :
La Société de bienfaisance italienne […] est le plus ancien des groupements existant dans notre ville […] [Elle] a 28 années d’existence et compte actuellement 229 adhérents. La majeure partie des membres appartiennent à la haute société italienne en résidence à Nice et à des vieilles familles niçoises restées attachées à la mère-patrie […] Cette société a pris une réelle extension et est devenue une puissante organisation, dont l’action de plus en plus intense me paraît donner sujet à préoccupation au point de vue national. La plupart des membres font, en effet, partie de la Dante Alighieri et sont tous animés de sentiments hostiles à notre pays[23].
- Des écoles italiennes à limiter
A la fin du XIXe siècle et à la Belle-Époque, apparaissent, en outre, des tensions croissantes entre ces associations et les autorités françaises sur la question de la propagation de la culture italienne, et surtout de la tentative de création d’écoles prodiguant des cours en langue étrangère sur le territoire hexagonal. Cependant, force est de constater que les réalisations demeurent fort modestes, y compris au sein des principaux foyers de peuplement italien. On note d’une part l’absence totale d’écoles italiennes dans les Alpes-Maritimes malgré la présence dans ce département de 7 000 enfants italiens d’âge primaire, et d’autre part l’existence à Marseille d’une modeste salle d’asile et d’une école élémentaire destinées aux élèves des deux sexes, toutes deux installées dans les locaux de la Société italienne de bienfaisance[24].
La Dante Alighieri a pourtant, depuis sa fondation à Rome en 1889, pour vocation l’enseignement, la conservation et la propagation de la langue et plus largement de la culture italienne à l’étranger notamment au sein des communautés d’émigrés transalpins[25]. Ne possédant en France, jusqu’à la fin de XIXe siècle, qu’une section à Paris, elle s’étend toutefois en 1902 à Marseille et Toulon, puis tente de s’implanter la même année à La Turbie[26]. Dans ce département des Alpes-Maritimes, la ville de Nice constitue un point névralgique à partir duquel cette association tente d’essaimer mais son rayonnement demeure symbolique et pour ainsi dire réduit aux intérêts d’une élite. Disposant d’une bibliothèque remplie de nombreux ouvrages en langue italienne, la section niçoise de la Dante Alighieri n’a ainsi toujours pas pu, en 1913, ouvrir de lieu d’enseignement à destination des enfants de migrants italiens. En revanche, à la même date, a été créée à Toulon une école élémentaire attenante au consulat, accueillant une vingtaine d’enfants, à laquelle est adjointe une école maternelle[27].
- Des « bouches inutiles » à évacuer
Au cours des années 1880, les autorités françaises amorcent une réflexion sur les « bouches inutiles » à faire sortir des places fortes en début de conflit. Dans le Sud-Est du pays, les Italiens sont ainsi particulièrement concernés. Tout en indiquant qu’en cas de guerre l’Italie rappellerait ses nationaux qui répondraient à cet appel, le préfet du Var précise qu’une partie de la colonie resterait, à l’inverse, sur place, et que « certains de ces individus, habilement choisis et adroits, pourraient commettre à l’encontre de certains ouvrages d’art, des poudrières ou des magasins d’armement et d’approvisionnement, de graves attentats ; ils seraient en outre pour nos ennemis des éléments précieux au point de vue de l’espionnage »[28]. Le représentant de l’Etat préconise donc de procéder au « refoulement vers le haut du département » des Italiens installés dans la région toulonnaise et dans les communes littorales ou celles bordant la voie ferrée.
Ainsi, lorsque le préfet des Bouches-du-Rhône est sollicité pour accueillir une partie des « bouches inutiles » de la Place de Toulon, il propose d’en diriger un maximum de deux mille vers différentes localités de l’arrière-pays. Mais il refuse catégoriquement tout afflux supplémentaire d’Italiens à Marseille :
Les Italiens y sont déjà au nombre de 65 000 et non seulement il ne faudrait pas augmenter [cet effectif] ; mais il faudrait encore prendre les plus grandes précautions pour assurer la tranquillité publique en cas de mobilisation[29].
Cette justification rend perceptible d’une part la difficulté quotidienne que pose au préfet, en matière de contrôle, la présence dans la ville d’une masse considérable d’Italiens, et d’autre part son inquiétude face aux incidents pouvant se produire entre Français et ressortissants de la Péninsule en cas d’entrée en guerre. Comme l’indique dès 1888 l’autorité militaire au représentant de l’Etat dans les Bouches-du-Rhône, l’arrestation des mobilisables et des individus dangereux aurait néanmoins pour effet de priver de soutien de nombreuses femmes, accompagnées d’enfants, qui deviendraient ainsi nécessiteuses et devraient être, à leur tour, éloignées des places fortes dans les plus brefs délais.
La non entrée en guerre de l’Italie en 1914 aux côtés de ses alliées évite toute opération d’arrestation et d’éloignement forcé d’une large partie de la population italienne résidant dans le Sud-Est[30]. Pour autant, cette dernière doit néanmoins, dès les premiers jours du conflit, s’efforcer de témoigner, préventivement, à l’opinion française sa reconnaissance et sa solidarité, alors que le rapatriement de pauvres girovaghi s’avère rapidement indispensable.
- Entrer dans la guerre ?
En 1913, le préfet des Bouches-du-Rhône souligne l’importance économique de la présence italienne dans son département : « si l’Italie envoie à Marseille une bonne partie de ses malfaiteurs, elle envoie aussi des ouvriers laborieux et honnêtes qui, par leur assiduité au travail, assurent le fonctionnement d’un grand nombre d’industries »[31]. Ces migrants italiens, redoutant d’être pris pour cibles, s’emploient alors à donner des gages d’attachement et de loyalisme envers leur pays hôte. Dans le même temps, des représentants de la communauté italienne ont le souci de réaffirmer que leurs compatriotes ne seront pas, en ces temps d’extrêmes tensions, des fauteurs de troubles et « s’engagent tous, devant l’attitude provocatrice de l’Allemagne, à rester calmes et unis »[32].
L’appréhension des autorités locales demeure néanmoins perceptible. Ainsi le maire de Marseille, Eugène Pierre, exhorte au calme les Italiens venus manifester, sous les fenêtres de l’hôtel de ville, leur attachement à la France[33]. La presse souligne le comportement exemplaire des différentes manifestations de ce type :
Tel était le désir de bien faire de ces manifestants qu’il fut inutile d’entourer d’un service d’ordre important. Une vingtaine de gardiens cyclistes, que M. Pelatant commissaire central [de Marseille] dirigeait en personne, étaient à leur tête. Ces gardiens n’eurent même pas à intervenir pour réprimer le moindre excès, leur rôle se borna à ouvrir, dans la foule, la route aux manifestants[34].
Les témoignages d’amitié pour la France l’emportent au final de beaucoup sur les craintes initiales de désordre. Ainsi les 3 et 4 août, le préfet des Bouches-du-Rhône ne manque pas de se faire l’interprète, auprès des autorités supérieures, de la très nette francophilie exprimée avec vigueur par une partie de la communauté transalpine de Marseille :
La déclaration de neutralité de l’Italie a été accueillie avec vive satisfaction par la population. Dans la soirée [du 3 août] une manifestation d’environ 3 000 Italiens s’est formée et est venue manifester devant la préfecture, puis devant le consulat général d’Italie ses sentiments de sympathie pour la France. [Puis dans le rapport du lendemain on lit à nouveau] Une manifestation francophile de la part de la colonie italienne s’est déroulée ce matin [4 août] dans les rues de la ville, plus imposante encore que celle d’hier. Elle a envoyé des délégations sur son passage à la préfecture et au Général commandant le corps d’armée[35].
Son homologue de Digne signale à la même date que « les Italiens très nombreux dans les Basses-Alpes, manifestent des sentiments francophiles très ardents »[36]. Au sein du département des Alpes-Maritimes, où de nombreux cortèges composés d’Italiens ont également parcouru les rues, le préfet, dès le 6 août, adresse aux maires un message de gratitude que ces derniers sont alors chargés de transmettre aux intéressés. La presse publie d’ailleurs le texte rédigé par André de Joly :
Le représentant du gouvernement de la République dans les Alpes-Maritimes s’associe du fond du cœur aux sentiments de gratitude que vous ne manquerez pas d’exprimer à la colonie italienne de votre commune pour sa généreuse sympathie à l’égard de la France. Il m’est particulièrement agréable dans ce département frontière où Français et Italiens vivent côte à côte, et sont mieux à même que partout ailleurs de se comprendre et de s’estimer, de constater la réconfortante communauté de pensée et de cœur qui unit, en cette angoissante période d’épreuve pour notre pays, les Latins des deux nations voisines, si fortement liées par les souvenirs d’une histoire et d’une gloire si souvent communes[37].
Les autorités militaires se montrent, elles aussi, extrêmement sensibles à ces témoignages d’amitié venant d’individus dont la mobilisation contre la France a longtemps été redoutée. Le souvenir des victoires communes sert ainsi à cimenter l’unité retrouvée :
J’ai été profondément touché et ému de la manifestation si enthousiaste des Italiens en résidence à Marseille, venant apporter leur sympathie au général commandant le XVe Corps, au moment de son départ pour rejoindre les premières lignes. Rien ne pouvait m’être plus précieux que cette preuve d’affection pour la France des enfants de la nation sœur. A côté de leurs pères, nos pères ont combattu en 1859 et mêlé leur sang sur les champs de bataille de la Lombardie pour le triomphe de la liberté et de la gloire de l’Italie. Fils du général Espinasse, tué en enlevant d’assaut le village de Magenta[38].
Outre l’appartenance à une même « race » latine, s’opposant symétriquement à celle des « Teutons » dans un combat pour la « civilisation », est ainsi très nettement mis en exergue de part et d’autre le souvenir des combats communs contre les Autrichiens. La figure de Giuseppe Garibaldi[39] est également maintes fois rappelée tant par les autorités françaises que par les manifestants transalpins. Ce patriote italien né en 1807 à Nice, alors sous domination française, constitue, en effet, le personnage symbolique par excellence de l’amitié et de la confraternité entre les deux pays. Une continuité militaire est établie avec son action au service de l’unité italienne ou aux côtés de la France en 1870 :
L’orateur lance un superbe appel à tous ses compatriotes et les invite à faire cause commune avec la France selon le sublime exemple que leur donna en 1870 le grand et généreux Garibaldi. Au nom du héros de Dijon répond un crépitement de bravos qui se prolonge indéfiniment. Des cris de : Vive la France ! Vive l’Italie ! Vive Garibaldi ! et même A bas l’Allemagne ! éclatent formidablement, poussés par des milliers de poitrines frémissantes. Beaucoup d’hommes ont les yeux mouillés de larmes ; des Italiens serrent la main avec effusions à leurs voisins français[40].
A travers ses petits-fils, qui prennent la tête des légions garibaldiennes engagées au début de la Grande Guerre aux côtés de la France, est réactivée la mémoire du grand homme[41]. Cet engagement, certes numériquement limité, est considéré comme l’un des plus vibrants témoignages d’attachement et de loyalisme pouvant être consenti vis-à-vis du pays hôte. Il est perceptible, dès les premiers jours du conflit, à la faveur de différentes initiatives locales. Ainsi « Le Petit Marseillais » du 4 août se fait l’interprète d’un appel lancé par un groupe d’Italiens :
Les nombreux Italiens de Marseille et de la région qui désirent se faire inscrire pour s’engager dans un corps de volontaires en préparation pour l’honneur de l’Italie, pour la nation qui nous hospitalise et qui nous a aidés pour notre indépendance, pour nos frères latins ; peuvent le faire chez M. Cafiero, 40 rue Paradis. En attendant la formation définitive de ce corps : Vive la France ! Viva l’Italia ![42]
Dès le lendemain, paraît dans la presse une première liste de jeunes gens originaires de la Péninsule qui désirent « s’engager comme volontaires pour combattre l’Allemagne », avec mention de leurs âges et adresses[43]. Face au relatif succès rencontré par ce comité pour l’enrôlement des Italiens, deux sous-comités sont également créés dans les quartiers ouvriers de la Joliette et de la Capelette[44]. Une semaine plus tard, un projet semblable est, par ailleurs, en gestation à Toulon, comme l’annonce « Le Petit Var » dans son édition du 11 août :
Les anciens membres de la ligue franco-italienne et ses amis, dans le but d’organiser une légion garibaldienne, sont priés de se réunir ce soir à 8 heures précises, dans le local de la société musicale « Giuseppe Verdi » rue Vincent Courdouan 24, près la place d’Italie[45].
- La mise en œuvre des rapatriements
Parallèlement aux manifestations de soutien des migrants italiens à la France, le début du conflit est également marqué par un mouvement de retour vers le pays d’origine. La fermeture des chantiers privés de construction, l’interruption subite de travaux publics d’importance, comme la ligne ferroviaire Nice-Coni ou le canal de Marseille au Rhône, ainsi que la cessation d’activité dans les carrières, les mines et les diverses usines provoquent, au cours des premiers mois de guerre, un chômage de masse, affectant particulièrement la main-d’œuvre italienne subalterne. Alors que les opérations de mobilisation se poursuivent et que l’on procède à l’évacuation des sujets austro-allemands désormais indésirables[46], le ministre de la Guerre informe le préfet des Alpes-Maritimes que des ordres ont été donnés « pour que les communications par voie ferrée soient maintenues de façon constante et le plus fréquemment possible avec l’Italie ». Ainsi, dès le 3 août à midi, part de la gare de Nice à destination de Vintimille un « train spécial d’évacuation » avec à son bord de nombreux Italiens accompagnés de leurs familles[47]. Le lendemain, deux autres convois ayant une composition identique se dirigent vers la frontière au départ de la capitale azuréenne. A Marseille, on apprend par ailleurs, que, dans la journée du 2 août, la Compagnie PLM peut « à travers les mailles de l’horaire de mobilisation (…) délivrer (…) jusqu’à 9 heures 36 du soir des tickets de départ aux voyageurs à destination de Nice, Menton et Vintimille »[48].
Les moyens de transport s’avèrent toutefois insuffisants pour rapatrier rapidement vers la Péninsule l’ensemble de ceux qui en ont exprimé le souhait. Le général Goiran, maire de Nice, fait, d’ailleurs publier par voie de presse, le 5 août, un avis destiné à éviter les mouvements de foule inutiles et à rassurer les Italiens sur la possibilité qui leur est offerte de quitter la France dans les meilleurs délais :
Les sujets italiens qui désirent rentrer dans leurs foyers sont informés que la frontière Sud-Est leur reste ouverte et qu’ils peuvent, sans aucune formalité, se mettre en route par voie ferrée, le service des trains fonctionnant régulièrement à compter de ce jour[49].
De fait, la presse locale décrit avec empathie le spectacle offert par cet exode en gare de Nice :
La gare P.L.M. a vu hier [6 août] affluer encore de nombreux groupes d’Italiens, que la cessation de travail oblige momentanément à regagner leurs pays. Encombrés de sacs, de paquets, de valises, les hommes chargés de tout ce qu’ils pouvaient emporter de nécessaire, les femmes s’occupant des nombreux marmots, les émigrants s’entassaient par groupes pittoresques sur les marches de la gare […] Malgré les difficultés que cause l’embarquement des émigrants, les trains s’emplissent sans trop de heurts, sans trop de bousculades[50].
A Marseille, la situation évolue également rapidement dans le sens d’une plus ample évacuation de certains civils français et étrangers :
A la période active de mobilisation, c’est maintenant la non moins active période de concentration qui succède et réclame toute l’attention dévouée du haut et du petit personnel de notre gare Saint-Charles. Indépendamment des trains nombreux de concentration, la gare Saint-Charles met actuellement en route également des trains d’approvisionnement et des trains d’évacuation. Ces trains d’évacuation ont pour but de débarrasser les places fortes et les grandes villes des « bouches inutiles » et des éléments étrangers[51].
En étroite collaboration avec les pouvoirs publics, le représentant transalpin installé dans la cité phocéenne s’efforce ainsi de faciliter le départ de ses compatriotes :
Au consulat d’Italie, de nombreux nationaux sont allés demander leur rapatriement. C’est ainsi que lundi [3 août], le consul a pu diriger par divers moyens sur l’Italie 1 450 personnes environ et dans la matinée d’hier [4 août] 750 autres[52].
Les jours suivants, les autorités consulaires continuent d’accompagner le mouvement de reflux. Dans la matinée du 5 août, 1 300 individus quittent « Marseille pour l’Italie par les soins du consulat »[53]. Par ailleurs, quarante-huit heures plus tard, le consul projette l’évacuation, par voie de mer de 5 000 autres nationaux[54]. Gênes, et dans une moindre mesure Viareggio, sont les principaux ports de destination au départ de Marseille[55]. Toulon et le littoral varois constituent également un point d’embarquement non négligeable. Ainsi, dès la première semaine d’août, le préfet du Var, avec le consul général d’Italie à Toulon, s’occupe de faire reconduire par bateau de Saint-Raphaël à Vintimille un groupe d’environ 1 200 personnes, hommes, femmes et enfants, qui travaillaient jusqu’à la mobilisation dans les mines et carrières du département[56]. En outre, des dispositions sont prises pour permettre aux ouvriers et autres travailleurs de la région toulonnaise se trouvant dans une situation trop précaire de regagner leur pays d’origine. Ainsi le 6 août, le représentant du gouvernement italien en poste à Toulon, Burdese, rédige un avis, diffusé le lendemain par voie de presse, invitant ses compatriotes non naturalisés à se présenter au consulat entre 8 et 10 heures, afin de s’inscrire sur une liste de rapatriement[57]. Les sources ne permettent pas de préciser avec exactitude le nombre total de personnes s’étant soumises à cette formalité. Néanmoins cinq jours plus tard, le même Burdese fait paraître un nouveau communiqué destiné aux intéressés :
Avis important aux Italiens porteurs des fiches du numéro 1 à 400. Les Italiens qui ont demandé leur rapatriement sont informés que ce matin mercredi [12 août] à 8 heures ils devront se rendre au consulat général d’Italie avec leurs fiches. On passera outre à ceux qui manqueront à l’appel. Ils sont en même temps avertis de se tenir prêts à s’embarquer sur le paquebot italien « Umbria ». Un avis affiché à l’entrée de la chancellerie consulaire leur indiquera l’endroit exact du rendez-vous pour l’embarquement[58].
Par ailleurs, le lendemain, le consul « fait savoir aux Italiens qu’en dehors des premiers 400, le navire « Umbria » pourra charger encore 300 personnes environ [en conséquence] les porteurs des fiches de 1 à 700 devront donc se trouver ce matin jeudi [13 août] à 8 heures à la chancellerie consulaire »[59]. Parti de Marseille le 12 août avec de nombreux Italiens parmi ses passagers[60], ce paquebot à destination de Gênes fait donc escale à Toulon pour en embarquer plusieurs centaines d’autres. La diminution de la présence italienne est générale bien qu’il demeure dans la cité phocéenne environ 70 000 Transalpins comme le laisse entendre, le 13 août, un article publié dans « Le Petit Provençal »[61].
Le préfet des Alpes-Maritimes estime quant à lui que cinquante pour cent des Italiens ont déjà quitté son département au début du mois d’août[62]. Ceci témoigne de l’existence d’un mouvement de retour, même si son ampleur est probablement exagérée. A l’échelle du Sud-Est de la France, ce mouvement de reflux est, par ailleurs, loin de se limiter aux seules régions littorales. Dès la mobilisation, de nombreux travailleurs transalpins délaissent, en effet, les départements de l’arrière-pays, où ils exercent, de manière saisonnière ou plus permanente, des activités agricoles et parfois industrielles et artisanales. Ainsi le 2 août, le préfet des Hautes-Alpes signale que « la population italienne, très nombreuse dans l’arrondissement d’Embrun et surtout dans celui de Briançon, a quitté aujourd’hui en foule le territoire et a passé la frontière »[63]. Le nombre de ces départs précipités est estimé à environ 1 900 en une seule journée, alors que le lendemain soir, 3 août, le commissaire spécial de Briançon fait état d’un total de 2 300 passages par le col de Montgenèvre en l’espace d’à peine deux jours, le chiffre grimpant à 2 884 le 7 août[64]. Ce flux ne trouve certes pas entièrement son origine au sein du seul département des Hautes-Alpes, mais il est certain qu’une région frontalière comme le Queyras a perdu, en quelques jours, une large part de sa main-d’œuvre transalpine.
Dans les Basses-Alpes voisines, la situation n’est guère différente et, bien que le nombre exact d’Italiens franchissant le col de Larche (Colle della Maddalena) demeure inconnu, c’est ici aussi à un départ conséquent que l’on assiste :
Certains travaux s’étant arrêtés depuis la mobilisation les Italiens qui n’ont plus de travail demandent à rentrer dans leur pays. Il va sans dire que […] je facilite cet exode le plus possible afin de ne pas conserver sur le territoire français des étrangers qui seraient bientôt sans ressources et deviendraient une charge pour l’Etat[65].
La proclamation de la neutralité italienne rend inutile l’application des mesures envisagées par les autorités tant civiles que militaires, dans le but d’une part de se prémunir contre d’éventuelles atteintes par les Italiens à la mobilisation française, et d’autre part éviter le retour au pays des individus mobilisables. Dès le déclenchement du conflit, les pouvoirs publics doivent néanmoins intervenir pour assurer, en concertation avec les représentants italiens, le rapatriement, par bateau ou voie de terre, des individus les plus nécessiteux. Ces départs, aussi conséquents soient-ils, sont néanmoins loin de concerner l’ensemble des travailleurs transalpins présents dans le Sud-Est de la France. Or, par les discours prononcés lors des manifestations des premiers jours d’août, la colonie italienne offre certes ses poitrines à sa sœur latine, mais met également à sa disposition ses très nombreux bras. Dès le second semestre 1914, alors que sévit un important chômage urbain, cette main-d’œuvre est ainsi employée au sein des campagnes[66]. Dans le même temps, les artisans et commerçants transalpins continuent d’assumer leur rôle, éminemment stratégique, de ravitaillement des populations, alors que la progressive mise en œuvre de la mobilisation industrielle nécessite le recrutement croissant d’ouvriers étrangers dans les usines et sur les chantiers. L’entrée en guerre de l’Italie en mai 1915 constitue par la suite, sur le littoral méditerranéen et dans son arrière-pays, une importante ponction de main-d’œuvre, et ceci malgré les sursis d’appel accordés.
[1] Georges Liens, Les Vêpres marseillaises (juin 1881) ou la crise franco-italienne au lendemain du traité du Bardo, « Revue d’Histoire moderne et contemporaine », 14, 1 (1967), pp. 1-30 ; Stéphane Mourlane et Céline Regnard, Empreintes italiennes. Marseille et sa région, Lyon, Lieux Dits, 2013, pp. 92-93.
[2] Enzo Barnabà, Le Sang des marais : Aigues-Mortes 17 août 1893 une tragédie de l’immigration italienne, Marseille, Via Valeriano, 1993 ; Gérard Noiriel, Le massacre des Italiens. Aigues-Mortes, 17 août 1893, Paris, Fayard, 2010 ; S. Mourlane e C. Regnard, Empreintes italiennes, cit., pp. 94-95.
[3] Xavier Daumalin, De l’usage mémoriel du massacre d’Aigues-Mortes par les ouvriers italiens de Marseille, dans Les batailles de Marseille. Immigration, violences et conflits XIXe-XXe siècles, sous la direction de Stéphane Mourlane et Céline Regnard, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2013, pp. 125-136.
[4] Pierre Milza, Français et Italiens à la fin du XIXe siècle, Rome, Publication de l’Ecole Française de Rome, 1981.
[5] Pierre Milza, L’image de l’Italie et des Italiens du XIXe siècle à nos jours, « Cahiers de l’IHTP », 28 (1994), pp. 71-82 ; Stéphane Mourlane et Yvan Gastaut, Le « rital » et le « Nord-Africain », ou la pertinence du bouc émissaire, dans À chacun ses étrangers ? France-Allemagne de 1871 à aujourd’hui, sous la direction de Marianne Amar, Marie Poinsot et Catherine Wihtol de Wenden, Arles/Paris, Actes Sud/CNHI, 2009, p. 93-99.
[6] Céline Regnard, Marseille la violente. Criminalité, industrialisation et société (1851-1914), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009, p. 181.
[7] Ibid., p. 185.
[8] Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice (ci-après ADAM), 1M891, rapport du préfet des Alpes-Maritimes au ministre de l’Intérieur, 10 avril 1913.
[9] Jean-Yves Le Naour, Il en restera toujours quelque chose ? Solder les comptes de la rumeur du XVe corps, « Cahiers de la Méditerranée », 81 (2010), pp. 253-263.
[10] Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille (ci-après ADBdR), 1R 986, lettre du général Japy commandant le XVe Corps d’Armée au préfet des Bouches-du-Rhône, 18 octobre 1888.
[11] Ibid.
[12] Ibid.
[13] Il s’agit du décret du 2 octobre 1888. ADBdR 1R986, lettre du général Japy commandant le XVe Corps d’Armée au préfet des Bouches-du-Rhône, 18 octobre 1888.
[14] Ibid.
[15] Ibid.
[16] Patrick Weil, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution. Essai, Paris, Grasset, 2002.
[17] ADBdR 4M958, rapport du commissaire spécial de Marseille, 18 avril 1898.
[18] Ibid.
[19] Ibid.
[20] ADBdR 1R986, lettre du général Japy commandant le XVe Corps d’Armée au préfet des Bouches-du-Rhône, 18 octobre 1888.
[21] ADBdR 4M 958, rapport du commissaire spécial de Marseille, 18 avril 1898.
[22] ADAM 1M891, rapport du préfet des Alpes-Maritimes au ministre de l’Intérieur, 10 avril 1913.
[23] Ibid.
[24] P. Milza, Français et Italiens, cit., pp. 222 et 229.
[25] Patrizia Salvetti, Immagine nazionale ed emigrazione nella Società « Dante Alghieri », Roma, Bonacci editore, 1995.
[26] ADAM 4M1379, rapports du commissaire spécial de La Turbie au préfet des Alpes-Maritimes, 18 avril et 27 juin 1902.
[27] Archives départementales du Var, Draguignan (ci-après ADV), 16M 9/1 : état des associations, groupements, agences et œuvres étrangères à Toulon et environs, 3 janvier 1913.
[28] Ibid.
[29] Archives nationales, Paris (ci-après AN) F7/ 14606, lettre du préfet des Bouches-du-Rhône au ministre de l’Intérieur, 9 décembre 1887.
[30] Ralph Schor, Nice pendant la guerre de 1914-1918, Aix en Provence, La Pensée universitaire, 1964; Jean-Yves Le Naour, Marseille, 1914-1918, Paris, Qui vive, 2005.
[31] ADBdR 4M235, rapport du préfet des Bouches-du-Rhône au ministre de l’Intérieur, 18 avril 1913.
[32] « Le Petit Marseillais », 6 août 1914.
[33] « Le Petit Marseillais », 5 août 1914.
[34] Ibid.
[35] AN F7/12 937, rapport du préfet des Bouches-du-Rhône au ministre de l’Intérieur, 4 août 1914.
[36] Ibid.
[37] Ibid. et « Le Petit Niçois », 6 août 1914.
[38] « Le Petit Marseillais », 5 août 1914.
[39] Leonardo La Puma, Giuseppe Garibaldi, la France et l’union des peuples européens, « Revue française d’Histoire des idées politiques », 30 (2009), pp. 277-297.
[40] « Le Petit Provençal », 4 août 1914.
[41] Hubert Heyriès, Les Garibaldiens de 14. Splendeurs et misères des Chemises Rouges en France de la Grande Guerre à la Seconde Guerre mondiale, Nice, Serre, 2005.
[42] « Le Petit Marseillais », 4 août 1914.
[43] « Le Petit Marseillais », 5 août 1914.
[44] « Le Petit Marseillais » et « Le Petit Provençal », 6 août 1914.
[45] « Le Petit Var » du 11 août 1914.
[46] Stéphane Kronenberger, Mutation de la présence germanique et permanence de la xénophobie 1906-1920, in S. Mourlane et C. Regnard (dir.), Les batailles de Marseille, cit., pp. 39-48.
[47] « Le Petit Niçois », 4 août 1914.
[48] « Le Petit Marseillais », 3 août 1914.
[49] « Le Petit Niçois », 5 août 1914.
[50] « Le Petit Niçois », 7 août 1914.
[51] « Le Petit Marseillais », 6 août 1914.
[52] « Le Petit Provençal », 5 août 1914.
[53] « Le Petit Provençal », 6 août 1914.
[54] Ibid.
[55] Le « Petit Provençal », 11, 13, 16 et 17 août 1914.
[56] AN F7/12 939, rapport du préfet du Var au ministre de l’Intérieur, 5 août 1914.
[57] « Le Petit Var », 7 août 1914.
[58] « Le Petit Var », 12 août 1914.
[59] « Le Petit Var », 13 août 1914.
[60] « Le Petit Provençal », 13 août 1914.
[61] Ibid.
[62] AN F7/12 937 : rapport du préfet des Alpes-Maritimes au ministre de l’Intérieur, 10 août 1914.
[63] Ibid.
[64] Ibid.
[65] AN F7/12 937 : rapport du préfet des Basses-Alpes au ministre de l’Intérieur, 4 août 1914.
[66] Stéphane Kronenberger, Passer la frontière en temps de guerre : le cas des agriculteurs italiens du Sud-Est de la France lors du Premier Conflit mondial, « Migrations Société », 140 (2012), pp. 191-200.